Premier four à bois ? Quelques préalables :-)

Bonjour,

Vous étiez en train de chercher sur internet des infos pour votre projet de premier four à bois ? Installez vous bien, préparez vous une petite boisson, je suis bavard ^^

Alors alors, un premier four 🙂

Pour la petite histoire, moi, mon premier four, avec mon amie émilie et les copains d’archéo, il ressemblait à ça :

C’est un four type four à sole, dont le principe remonte à l’âge du fer/antiquité. Le feu est dans la partie basse et les poteries sont plus haute, enfournée en tas. J’ai largement détaillé le principe sur cette page : four à sole suspendue

On a cuit plein de fois dans ce mini four, sans sonde, divers objets que j’ai encore avec moi ! Un petit four, c’est déjà chouette à utiliser !

 

Premièrement, dans four à bois, il y a bois !

La question du bois doit arriver rapidement dans votre projet. Il ne faut pas sous-estimer son importance ! Pour avoir fait des cuissons successives dans le même four, avec le même enfournement, mais avec du bois sec ou un peu trop vert, ou humide, bah c’est le jour et la nuit !

Déjà quel bois ? Et bien du bois qui brûle rapidement, donc sec et en section fine. On pourrait croire que du bois dur type chêne c’est mieux parce que il a un grand pouvoir calorifique (à masse égale, ça envoie + de chaleur), alors certes, oui, mais l’élément à prendre en compte c’est le temps (pas la météo, la durée ^^). Le chêne offre plus de chaleur que le pin à masse égale, mais il mettra 3 fois plus de temps pour livrer cette chaleur ! Pendant ce temps là le four aspire de l’air froid, le four est une grosse masse froide, et la cheminée évacue la chaleur. Donc : du bois qui brûle vite ! (le bois dur en début de cuisson c’est pas mal quand on n’est pas sur une problématique de tenir un rythme de chauffe).

Le bois qui ne sert à personne d’autre, c’est mieux ! Oui vous pouvez cuire avec une table et des chaises neuves, mais le budget cuisson risque d’être supérieur à la valeur des pièces cuite ^^ Les potiers de diverses époques et divers endroits font avec les ressources à proximité. Selon l’environnement (forêts, landes, champs) ils cuisent avec les déchets des autres métiers : chute de scierie, fagots de branches, paille, noyaux d’olive, tout ce qui brûle ça y passe ! Après, il faut adapter le four en fonction. Par chez nous, la palette perdue est une ressource du même type finalement (et n’est plus traitée depuis la fin 20e, il y a 2 traitements du bois : jaune de surface pour la charpente et vert à coeur pour les jardins). Sinon, libre à vous d’acheter du bois sur pied, le bûcheronner, et en faire du petit bois 🙂 Pensez à vos coupe de haie du jardin aussi hein ! (et à celles des voisins 🙂 )

Qui dit bois sec, dit abri pour y ranger le bois ! Oui voilà, c’est tout, il faut y penser dès le début aussi. Ce n’est pas une option, le bois devra reposer longtemps à l’abri pour être bien sec. Le feu mouillé, ça chauffe très mal !

 

Quel type de four ?

parfois on cogite sur des trucs ^^ Mais un jour je ferai un four en pots !

Alors là, vous avez dû voir que c’est tout un monde ! Mais avec du recul, je vous dis : pas tant 🙂 Oui il y a pleiiiin de modèles de fours, avec des grandes familles, mais ça marche toujours un peu pareil : un endroit où on brûle des trucs, la chaleur va là où ya des pots, et hop ça finit dehors pour chauffer les oiseaux. Je ne m’étends pas + sur le sujet, un jour peut être 🙂

Par contre, il faut vous demander si vous vous voulez faire de la basse température ou de la haute température ? Ca va jouer énormément sur le projet ! Et je vous entends déjà dire « un four qui peut faire les deux ? » ^^ Ha ha vous êtes malin, autant avoir le four qui fait tout, c’est sûr ! Oui mais ça ne va pas être du tout le même investissement de temps, de matériaux. La haute température on ne peut pas utiliser n’importe quoi.

 

Basse température

Un four basse température, c’est une bonne porte d’entrée dans les cuissons au bois. C’est + simple, moins coûteux, et vous avez tout un champ de la céramique à ces températures. De plus, cela permet de se familiariser avec ce qu’implique les cuissons, le bois, le temps à y passer, la météo, etc…

Pour un four de ce type, tous les matériaux traditionnels sont très bien, n’importe quelle argile, terre argileuse du champ d’à côté qui colle aux bottes, toutes les briques réfractaires ou non ! J’ai personnellement fait des fours en terre de champ, monté au colombin comme une poterie, ensuite la version en maçonnant des briques crue moulées avec cette même terre (ça permet un montage rapide car ça n’est pas mou ^^). Et en matériaux cuits : des briques pas cher, creuse ou pas, des briques plâtrières (une passion chez moi 😀 ), des tomettes, des plaques fabriquées moi même, des briques réfractaires légères, etc… Franchement, le monde est rempli de terre cuite, y a qu’à se baisser ! Donc pour résumer : un four basse température, ça se monte avec à peu près n’importe quoi en terre crue ou en terre cuite ! Il y en a même en pierre, mais là dessus, je connais moins, je sais juste qu’il vaut mieux des pierres extraites depuis longtemps, qu’elles aient eu le temps de sécher à coeur (sinon ça fait paf).

J’aurais tendance à éviter les parpaings de ciment, le béton alvéolaire, tout ces matériaux plus récent. Ne vous embêtez pas, la terre, c’est la base !

Et quel type ? Bah le four à sole est simple et pratique. Je vous conseille d’aller voir les fours type phoenix, le Foeniks et le Colibouvet. Ils sont en briques plâtrières mais vous n’êtes pas obligé d’utiliser ce matériau, de toute façon ça se vend de moins en moins donc on n’en trouve plus aussi facilement qu’avant. Juste regardez les volumes, le principe, et montez les parois avec n’importe quoi ! ^^

Au delà de ce que j’ai réalisé perso, il y a le monde des fours papier, dont je ne suis pas très fan à cause de la quantité de déchet que chaque cuisson produit puisque le tipi est détruit à chaque fois. Les pseudo fours, où ce sont les poteries qui constituent l’effet de tirage, mais là on est en Inde et c’est une affaire qui demande une production standardisée. (et n’oubliez pas les cuisson en aire ouverte, en meule, quand les pots sont mélangés au combustible, c’est une solution également !)

 

Haute température

Là c’est donc plus sensible. Il est nécessaire de monter son four avec des matériaux qui tiennent la haute température, et d’en être sûr ! Il y a ce qu’on trouve chez des fournisseurs de matériaux pour le monde de la céramique, évidemment. Là il faut sortir le portefeuille, si vous avez le budget alors profitez en, c’est + facile !

Vous pouvez trouver de quoi faire dans d’anciennes poteries ou chez des collègues encore en activité, il faut aller voir, discuter. Par exemple, moi ici j’ai une palette avec plein de briques de l’ancien four à grès, je ne me résous pas à tout jeter ! Par contre, c’est que des briques cassées en deux, pour en faire quelque chose il y a un gros travail de préparation, mais je vous les donne gratuitement ! Il y a surement des plans à chercher dans ce goût là.

Allez voir les carrières de pierre, de sable, les cimenteries dans votre secteur ! Là bas l’argile est soit un rebus (carrières) soit une ressource (cimenterie). Ils peuvent charrier des quantités qui nous dépasse et donc qui ne seront pas très cher voir même donné ! Avec une grande quantité d’argile (vous testez avant sa tenue en haute température) vous pouvez en faire des briques. J’ai un faible pour le mélange 1/3argile + 2/3 brisures de bois (bois format rejet de tronçonneuse, moi j’utilise des briques de bois compressé). Ca donne une matière aérée une fois cuite, donc isolante ! Et si la terre est un peu trop ferreuse, vous pouvez ajouter du kaolin pour rendre la matière moins fusible.

En vrai vous pouvez faire un four haute température avec des briques basiques à pas cher qui ne tiennent pas au dessus de 1200. Juste le four se fera ronger à chaque cuisson et sa durée de vie sera limitée. Mais en vrai, ça marche.

Quel type ? Je trouve le Phoenix très bien pour faire une structure simple, d’autant plus qu’on peut s’épargner la voûte en faisant un enfournement par le dessus et en couvrant d’une grande plaque d’enfournement (+ isolation). Il y a le four chainette, jamais fait, mais c’est une forme qui a le mérite d’être autoportée. Un jour j’aimerais en faire une, en pots empilés-emboités ! Le four tunnel, anagama and co, je vous laisse aller voir les gens qui en ont, mais je pense que c’est bien quand on veut un gros volume. Je ne suis pas certain que ça se miniaturise de trop. Le Girel 3E, dernier né du cerveau de Jean Girel, un phoenix revisité, intéressant et les plans sont trouvable sur le site du potier, mais cuisson propre, pour avoir des effets de cendres, c’est pas le plus adapté. Il y en a surement encore d’autre grands types, je ne connais pas tout ! 🙂

 

Où mettre le four ?

L’emplacement c’est une chose à ne pas mettre au second plan de la réflexion. Il faudra que ça soit pratique pour y emmener les poteries à enfourner, plusieurs allers retours. Si vous êtes dans une région comme ici où la pluie est un des 4 éléments avec le vent, la boue et le feu qui s’éteint, il est indispensable d’avoir un abri au dessus du four ! Cela orientera surement l’emplacement choisi. D’ailleurs, faites l’abri avant le chantier, si si, c’est vraiment mieux ! Vous ne fixez pas toutes les tôles pour pouvoir les ajuster au mieux à la fin, mais chantier au sec, c’est pas du luxe ^^

 

Des petits trucs à savoir en plus ?

Bah j’ajouterai au fur et à mesure des choses, mais voilà déjà :

Le grillage à poule, ou à lapin, c’est assez pratique, vous pouvez vous en servir pour faire l’armature, la forme du four, genre un cylindre, et ensuite vous le recouvrez de torchis de terre. Le grillage va bien tenir la terre et donc aller vite parce qu’il n’y aura pas besoin d’attendre entre chaque niveau pour monter la forme.

D’ailleurs, pour des fours maçonnés, n’hésitez pas à les saucissoner de fil de fer ou de grillage pour les aider à encaisser la dilatation en cours de cuisson.

Torchis : on mélange la terre à du végétal. Oui, mais, avec de la paille on emprisonne de l’air car c’est un tube, c’est donc bien pour faire une couche isolante. Contrairement, si on utilise de l’herbe, du gazon pas trop court, on fait un torchis pas isolant mais par contre qui est résistant ! Pour entourer des briques non maçonnées par exemple, ça les tient bien en place. A choisir donc le végétal en fonction de ce qu’on veut : isoler ou armer.

les voûtes c’est un peu compliqué mais ça se fait, par contre cela peut impliquer de faire une armature métallique pour tenir la tenir en place. Dans un mur de maison, ça va parce que la longueur du mur sert de contrefort, mais là non ! Une voute chainette, ça a été la mode, ça tient bien sans ferraillage, mais ça induit une forme de four particulière. Une voûte en plein cintre (demi cercle) d’expérience ça tient plusieurs années (en basse température) mais au moins des contreforts c’est pas mal. La voûte surbaissée, il faut ferrailler, et si vous voulez faire sans, vous saurez immédiatement que si si, il faut ferrailler ! 😀