Forge de Terre©

Le coffret Forge de Terre© est un kit d’outils en porcelaine artisanale pour la forge des couteaux céramique. C’est un ensemble des essentiels pour s’initier au travail millénaire de la forge de l’argile. Ce coffret est composé des emblématiques marteau et tenaille de porcelaine, mais aussi d’un burin et d’un poinçon afin de pouvoir couper et percer la céramique.

Ces outils sauront vous porter sur le chemin de l’antique savoir des artisans couteliers de terre cuite !

Un peu d’Histoire…

À partir du milieu du 19e siècle, bénéficiant des premières avancées de la révolution industrielle, le secteur de la coutellerie n’a eu de cesse le développement d’un couteau bon marché et populaire. Bien implanté dans l’industrie métallurgique, Hubert Seclin, jeune ingénieur passionné de géologie et de minéralogie, mit au point les premiers procédés de synthèse par voie sèche de la poudre céramique. Révolution dans le secteur, la gamme des couteaux en fer se voit enrichie par une nouvelle gamme céramique. Cette avancée technologique se fit malheureusement au détriment des artisans couteliers de terre cuite qui peinaient déjà bien assez à vivre derrière les corporations des forgerons. À cause d’une qualité globalement insuffisante, et faute des connaissances qui se développeront au siècle suivant, ce néo-couteau céramique, issu du génie industriel, s’enterrera méticuleusement au fil des années. L’invention de l’acier inox à l’aube du 20e siècle terminera d’enfoncer le dernier clou en porcelaine dans le tombeau de cette aventure.

Du côté artisanal donc, la situation est très difficile, non content de subir la concurrence des couteaux de fer, celle des industries céramique fût le début du déclin de cet art si particulier. Pour rappel, les tranchants en acier sont fabriqués à partir d’outils en acier depuis l’âge du fer, idem pour les bronzes à l’âge du bronze. Les matériaux permettant jusqu’alors de couper viandes, légumes et céréales étaient, bien sûr, d’abord la pierre taillée façonnée avec des pierres (Paléolithique inférieur) puis le tranchant d’argile à partir d’outils en terre (Néolithique).

Il est intéressant de noter un certain parallèle avec l’évolution technique des poteries, les artisans couteliers céramique étant souvent aussi de petits producteurs de vaisselle pour compléter leur activité. L’archéologie montre que cette production de couteau sera bien sûr en terre cuite jusqu’au 15e siècle, tout comme les poteries, copiant les modes de son époque : terre noire polie gauloise, sigillée romaine et glaçurée au plomb au Moyen Âge. La gamme s’étoffe à la Renaissance avec les productions de grès céramique rhénan puis en porcelaine une fois les procédés chinois compris.

C’est un objet largement peu connu du grand public aujourd’hui car les derniers forgerons de terre cuite ont globalement disparu au tout début du 20e siècle, avant la première guerre mondiale. Les derniers apprentis ont péri dans les tranchées sous l’assaut des armes en fer, le fameux pot de terre contre le pot de fer.

Au tournant des années 1980-1990, le renouveau du développement des matériaux céramiques techniques a relancé la production d’une large gamme d’outils tranchants que nous connaissons bien aujourd’hui. La couleur blanche des lames, si caractéristique, est le garant de leur identité et de leur valeur fonctionnelle. On trouve d’ailleurs ces dernières années des imitations en inox, dont la lame est recouverte d’une vile peinture blanche, signe du plébiscite populaire à l’égard de cet outil de cuisine devenu incontournable.

Aujourd’hui ?

Passé ce renouveau industriel, moi, Jérôme Colivet, passionné d’archéologie des techniques et de coutellerie artisanale, je tente aujourd’hui de retrouver les gestes d’un passé, pas si lointain, des derniers couteliers de terre. Porté par la volonté de restaurer cette production millénaire, je veux revoir les couteaux en grès ou en porcelaine dans nos cuisine. À cette fin, j’ai commencé par entreprendre la reconstitution de l’outil essentiel et emblématique du métier : le marteau de porcelaine. Est venu ensuite la tenaille de forge pour tenir la barre céramique, le burin pour couper et le poinçon pour percer.

Cet ensemble que je vous présente est le résultat de plusieurs années de travail de recherche sur les outils céramiques. Tout d’abord sur les erreurs d’attributions d’artefacts en archéologie. Le plus souvent il s’agit d’attribution « rituelle » ou « symbolique » d’outils de fer réalisés en terre, alors qu’il s’agit bien des outils originaux du métier de torgeron (le « f » de forgeron étant celui du fer, en métier de terre, on parle plutôt de torgeron). Je me suis également penché sur les rares traités techniques du 18e siècle, ainsi que les manuscrits médiévaux (bien que leur authenticité soit encore aujourd’hui sujette à controverse, voir le mythe du moine potier). Faute d’université de rattachement et des tensions géopolitiques actuelle, je n’ai pas encore pu faire d’enquête ethnographique auprès d’une des populations nomades des Xiongnu du nord de la Chine, où les torgerons seraient encore détenteurs des secrets de fabrication des couteaux dit « de lune » en porcelaine. Cependant, j’ai bon espoir de boucler l’expédition d’ici 2025.

J’ambitionne de trouver d’ici quelques années tous les éléments qui permettraient de remettre en route une fabrique artisanale de couteaux céramiques, m’inspirant des productions anciennes, notamment fin 19e, mais pour l’usage moderne de tous les jours. Je sais d’ores et déjà qu’il est illusoire d’espérer concurrencer les industries céramiques actuelles, mais j’aimerais pouvoir offrir une alternative aux personnes sensibles au travail local, respectueux de l’environnement et des valeurs de l’économie sociale et solidaire. Pourquoi pas à terme fonder une école de torge afin de diffuser ce savoir qui pour l’instant, je dois bien le confesser, ne se laisse pas facilement dompter.

Jérôme Colivet.

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Ce travail a été réalisé pour candidater à l’exposition « les inutilitaires » de la galerie des arts du feu de Rouen, en 2022.

J’ai été sélectionné ! Vous trouverez donc mon coffret Forge de Terre, à la Galerie des arts du feu de Rouen tout l’été 2022 🙂 Il fait parti de la partie concours de l’exposition.

Vues pendant la réalisation :

Ensemble avant cuisson :