Plan de Four phoenix

Alors non, je ne vais pas vous donner de plan, ha ha ! Je suis fourbe ^^

Nan mais attendez, je vais faire mieux : expliquer ce que j’ai compris de ce qui importe pour définir votre plan de four qui vous convient à vous. Suite à cette question que j’ai eu par mail, je reprends ma réponse ici, en essayant d’être le plus clair possible. N’hésitez pas à me demander des éclaircissements si jamais, vous voyez, je réponds 🙂

Ce qui suit est donc ce que j’ai compris ces dernières années pour faire un bon four, surtout grâce à Maxence Andrzejewski, merci à lui, qui a lu des livres et parlé à des gens, lui ^^

Petit rappel préalable, ça ressemble à quoi un four phœnix ? Et bien à ça :

Il y a généralement un foyer sous l’enfournement, l’enfournement se fait sur étagère (plaques d’enfournement et piliers en matériau réfractaire), et la visite se termine par la cheminée qui est frontale.

Alors, je n’ai donc pas de plan précis, mais des indications qui permettent de définir ses mesures.

Le point de départ est le format de plaque d’enfournement que vous souhaitez utiliser, mais à la fin, elles devront être rectangle dans tous les cas.

Le principe à se figurer mentalement pour bien partir est que la chambre d’enfournement, c’est à dire l’espace intérieur utile, doit être proche du format « cube ». Ce cube théorique, doit inclure, les plaques bien sûr, + d’un côté l’arrivée de flamme et de l’autre côté la redescente de flamme.

On va être généralement sur une largeur de 10-12cm pour l’arrivée de flamme et de 5-6cm pour la redescente de flamme. C’est grosso modo ça selon la taille générale du four. Si le four est très petit, il ne faut pas trop diminuer cet ordre de grandeur, le feu reste un genre de fluide qui ne peut pas être minimiser lui. Un four au delà d’un mètre cube, je ne sais pas, j’imagine qu’il faut pousser à 15 et 8 ? A la louche ? ^^

 

Exemple

Prenons un exemple, ni trop grand, ni trop petit, et on dit que vous possédez déjà des plaques carrés de 50 cm. En partant de là, on est sur un côté de cube théorique de 50cm. Ok ? Jusque là ça va ? Bon.

Comme le cube théorique doit inclure les passages de flamme, il faut retailler le format de plaque carré en rectangle, je dirais en enlevant 10cm minimum pour le côté « arrivée de la flamme ». Les plaque feront donc 40x50cm.

Ha, mince, il faut aussi prévoir les 5cm de l’autre côté, côté cheminée, pour la redescente des flammes. On enlève 5cm de l’autre côté, ça fait des plaques de 35x50cm alors… Arf, mouais… Avec tout ça on perd de la surface d’enfournement… Nan mais on peut aussi pousser un peu les murs ? Oui, tout à fait, vous réponds-je !

Ok, ça marche, alors pas de soucis, on part plutôt sur un cube théorique un poil plus grand de 55cm du coup. Ça fait dans le sens des flammes, 10cm d’arrivée de flamme, 40 cm de largeur de plaque et 5cm côté cheminée. Dans l’autre axe, la plaque fait 50cm de longueur et on a 5cm qu’il faudrait idéalement répartir. Bah, pas de soucis, on coupe la poire en deux et on laissera un jour de chaque côté de la plaque de 2,5cm. Est-ce grave docteur ? Non point ! Parce que ça sera aussi bien à l’enfournement d’avoir un peu de marge de manœuvre, ET si le montage de la maçonnerie est moyen précis, bah ça ira vu que la plaque ne touche pas les murs, et en dernier, des passages d’air comme ça ne peut pas nuire au déplacement de la flamme.

Nous sommes donc dans cet exemple sur un intérieur cubique, de 55cm de côtés, avec des plaques d’enfournement de 40x50cm, une arrivée de flamme de 10, une descente de flamme de 5cm, Ok.

Votre hauteur partant de là c’est au moins 55cm aussi du coup hein ? Oui. Aller, on peut pousser à 60 pour avoir un passage de flamme en plus tout en haut, de 5 cm. Y en a un peu plus j’vous l’laisse, aller c’est pour moi, ça me fait plaisir ^^ (mais pas obligé hein !)

Dernier point, quelles dimensions pour les carneaux de la cheminée ? La section de la cheminée ? Et bien il faut que la surface (interne bien sûr) de la cheminée soit égale à celle de l’arrivée de flamme, dans l’exemple ici, 55×10. Pareil pour les carneaux de passage entre la chambre d’enfournement et la cheminée. Et cela, même si c’est en plusieurs carrés et pas un rectangle de 55×10 ! Pas de soucis, Il faut juste que la somme des surfaces des carneaux fasse au total 550cm² (ça doit être grosso modo 12-15cm de haut et juste assez de brique pour faire des piliers entre les carneaux pour soutenir le mur au dessus). Sachant que autant les faire trop grand, c’est toujours plus facile de les boucher un peu, que l’inverse 🙂 A vos calculettes !

Voilà on arrive au bout des volumes internes du four.

Et le foyer ? Ah ben dis donc, vous ne perdez pas le nord ! Bien vu ! Ben 55cm de large et puis pas trop haut ni trop bas ^^ Ca, bon, genre autour de 30cm de haut ? à l’oeil ?

Et comment on tient la plaque de sole ? Ooooh ben dis donc, you’re on fire ?? ^^ Oui bon, là, il va falloir être créatif, je n’ai pas de solution précise, ça dépend de la construction qu’on souhaite mettre en place. C’est un peu au choix de chacun, ce qui importe c’est surtout les mesures d’abord. Chez moi il y a 4 briques debout, un peu surélevée, qui sont aux angles, et une au centre pour être sûr que ça pose bien. La sole reste un endroit sensible. Ce choix est dans mon cas possible car le foyer est déporté. Dans le cas d’un foyer sous la sole, ça peut être carrément une voûte surbaissée qui sert de sole, si la portée est grande. On peut aussi opter pour des briques de foyer en encorbellement pour atteindre les côtés de la plaque de sole, libérant donc bien l’espace du foyer. Des barres transversales… Plein de solutions sont possible, c’est selon la motivation en maçonnerie, le budget, la taille, tout ça tout ça.

Notez que la voûte surbaissée et l’encorbellement sont envisageable également pour le plafond de la chambre d’enfournement !

En évoquant la taille, vous vous dites que ça fait un peu grand comme four ? Ça peut arriver hein ? Pour faire plus petit, pas de soucis, mais ne diminuez pas trop trop les sections de passage de flamme. La surface de plaque on fait ce qu’on veut mais on ne peut pas minimiser, proportionnellement les passages pour la flamme.

 

 

Questions complémentaires :

 

Pourquoi j’ai fait un foyer déporté moi ?

Bonne question, ouais nan mais je vois que vous avez encore du courage arrivé à ce moment du texte ^^ Le foyer déporté, chez moi, c’était pour une conjonction de raisons : avoir un four qui ne soit pas hyper haut dans le jardin, visuellement. Cela implique donc soit un foyer creusé dans le sol (comme j’avais avant) mais là moi j’en ai marre de cuire plié en deux et d’enfourner allongé par terre (j’ai eu 20 ans il y a 20 ans). Donc avec cette problématique de locataire aussi discret que possible : foyer déporté pour cuire assis, les pieds dans l’ancienne fosse et enfourner debout toujours debout dans la fosse. Et 2e point, non des moindres, un foyer plus loin des pièces envoie moins de cendres dans le four et je recherche plutôt à modérer les effets des flammes. J’aime perso les pièces à l’aspect homogène. Avec un foyer sous la sole, plus classique, il y a moyen d’envoyer beaucoup plus de cendres et donc avoir plus d’effets d’émaillage naturel du feu. Inconvénient du foyer déporté, les flammes chez moi côté entrée de l’alandier, sont moins nombreuse, et donc il n’y a pas d’homogénéité stricte des résultats d’un côté à l’autre de la plaque. J’enfourne les pièces en fonction de ça, mais je prévois d’essayer de minimiser ce soucis là.

 

Pourquoi pas comme pour le four foëniks, un four plutôt en longueur ?

Oui vous avez remarqué ? Le plan du four foëniks est conçu selon le principe suivant : l’enfournement doit être un volume de cube (donc plaques carrées), au delà duquel on ajoute d’un côté l’arrivée des flammes et de l’autre la redescente de flamme. Ça donne une forme allongée. Et bien c’était comme ça parce que c’est ce qui se disait à l’époque 🙂 Tout simplement ! Ça fonctionne quand même hein, c’est pas interdit, mais l’avantage du modèle décrit ici, la largeur de plaque que la flamme doit traverser étant moins « grande » rapport à l’autre côté de la plaque (c’est pas clair ?). Là dans l’exemple, la flamme débarque sur les pots sur 55 cm de longueur et traverse ensuite 40cm de poteries. Dans un « foëniks », si on le fait avec une taille identique d’arrivée de flamme de 55cm, il y a là 55cm de poteries à traverser car l’enfournement est sur plaque carrée. Ok ? Et bien il y a donc 15cm de pots à traverser, et ben ça, ça peut augmenter les écarts de température d’un côté à l’autre. C’est pas horrible, probablement peu sensible sur un petit four, notamment en basse température, mais voilà, ce soucis peut être minimiser en suivant le modèle décrit sur cette page, plaques rectangles avec axe des flammes le long de la largeur (le petit côté du rectangle).

 

Et la porte ? C’est comment la porte ?

Rooo, ben la porte… Une porte quoi ^^ Hein ? Nan mais c’est vrai qu’il y a différentes possibilités. Déjà ça peut être par en haut ou sur un côté qu’on enfourne. Si le four un grand, par le haut, ça risque d’être assez pénible si on n’atteint pas la sole sans se plier en deux en se faisant mal ! Sur le côté, c’est pas mal mais si les plaques vous semble lourde, il faut imaginer qu’à bout de bras, c’est peut être trop dur ? Là c’est selon vous. Et puis donc, pour la porte de côté c’est des briques qu’on ne maçonne pas quoi. Les même que celles utilisées pour le four par exemple. Et si on veut éviter les prises d’air, rien n’empêche d’ajouter à  l’extérieur des grands modules type briques plâtrières (tant que ça existe).

 

On peut se fabriquer des briques soi même ?

Oui.

 

Nan mais des briques spéciales, isolantes, pour la porte par exemple ?

Oui tout à fait ! Perso j’ai fait des blocs pour la porte de mon four. Pour que ça soit isolant, j’ai fait un mélange moitié terre moitié brisures de bois (en volume). Une fois moulé à la forme grosso modo, il faut la cuire, et là le bois brûle et donne une structure avec des trous d’air qui améliorent nettement l’isolation ! Comparé à celle pour monter le four, c’était encore un peu trop dense, la prochaine fois je ferai 1/3 argile et 2/3 brisures de bois (en volume) pour voir ce que ça donne, si on n’arrive pas à une limite trop fragile (bah oui, +isolant = +aéré = +sensible à l’abrasion). Et oui, les brisures de bois, parce que je trouvais la sciure peut être trop fine? J’ai donc acheté des briques de bois compressé qui se décompresse bien bien dans l’eau !! Ça gonfle pas mal ^^

Petit trick pour les briques de porte : c’est mieux qu’on ne puisse pas voir le feu entre les briques, pour briser l’éventuel flux d’air. On les taille donc de la façon suivante (qui est plus facile à regarder qu’à décrire) en marche ou en biseau.

 

Pourquoi il faut partir du format de plaque pour définir les mesures générales ?

Et bien là, un exemple que certains connaissent, si vous définissez arbitrairement que vous voulez un four de 500L soit en gros 80x80x80cm (si si). Bah super, un beau gros four, pour cuire des gros trucs, des plats un peu large ? Excellent 🙂 Donc, on va faire comme pour l’exemple, ça va aller plus vite cette fois hein, vous êtes chaud ^^  On a 80×80 de surface, On retire 12cm d’arrivée de flamme, 6cm de redescente, donc aller, on dit 20cm en moins pour un compte rond. La surface d’enfournement est 60×80, mais pour pas toucher les murs, on fait des plaques de 60×75. Vous sentez la douille ? C’est trop grand pour une seule plaque, et quand bien même déjà moi je trouve que 50×60 c’est lourd à bout de bras. Donc pas le choix, chaque niveau doit être constitué de 3 ou 4 plaques. 3 plaques de 60×25 ou 4 plaques de 30×37,5. Avec le pilier central, vous ne pouvez donc pas enfourner un rond de plus de 36cm, un plat à tarte. C’est bête hein ? Moi mon four de 200L, je peux enfourner un rond de 50cm, pour un four plus petit. Alors vous pensiez qu’avec un groooos four de 500L, vous pourrez mettre un peu de tout ? Vous lancer dans une production de saladiers de 40cm tranquille ? Bah non, sauf au dernier étage, bien sûr, on peut en mettre 1. Alors si ça vous va quand même ce module de 30×37,5 grand bien vous fasse, mais voici pourquoi il est intéressant de commencer la réflexion à partir de la surface d’enfournement, des plaques qui serviront.

 

Faut-il forcément ferrailler le four comme on voit souvent ?

Bah oui. enfin surtout quand il y a des voûtes surbaissées dans la construction. Mais rassurez vous si personne de votre entourage n’a de compétence en soudure. Prévoyez les 4 cornières d’angle et au lieu de les relier en soudant des barres au niveau des descentes de charge des voûtes (naaannn j’expliquerai pââââ XD), vous pouvez les tenir avec plein de boucles en gros fil de fer bien serré, des éléments d’étagère en acier, avec des trous là qui permettent de boulonner. Enfin, soyez rassuré, on peu imaginer plein de trucs pour tenir le four des forces qui s’exercent dessus.

 

C’est quoi le mortier idéal pour coller les briques ?

Et bien là, ça vaut le coup d’utiliser une bonne argile, par ferreuse j’imagine que c’est mieux, et avec un point de fusion assez élevé. Un mélange avec du sable fin / chamotte fine tamisée c’est juste tellement plus facile et plus rapide ! On prépare une grosse poubelle avant le chantier avec l’argile + grain tamisé et comme ça on est tranquille, on fait des joints fin fin entre les briques. Quel rapport argile / grain ? Bah plutôt pas mal de grain ! Genre moitié moitié en volume je crois. Imaginez que + il y a d’argile + il y a de retrait, et que + il y a de grain – ça colle bien au montage.

Et si voûte tout en haut : pas de joint entre les claveaux comme ça rien ne tombera sur les pots du haut 🙂

 

C’est quoi déjà la recette de l’enduit aluminé que des gens mettent sur la face interne des briques de la chambre d’enfournement ?

Et bien comme pour les plaques on mesure 1/3 de kaolin 2/3 d’alumine en masse, ce qui fait en gros 1/2 kaolin 1/2 alumine en volume.

 

 

Conclusion

on est d’accord que ces mesures sont celles des espaces interne du four hein. Après votre construction les mesures extérieurs dépendent de vos briques, de l’isolant, tout ça, c’est à vous de voir selon les matériaux. Là ce sur quoi cette page insiste, c’est de définir les espaces interne et de faire ensuite, en fonction, les mesures de la maçonnerie.

Si on peut minimiser les découpes de briques, trouver un bon compromis entre l’espace interne et la facilité de maçonnerie, c’est l’idéal !

Bon courage, surtout pensez bien à ne pas minimiser la préparation du chantier : mortier fait, abri pour la pluie, les outils de base. Vous pouvez monter les briques des différents type de niveau, sans les coller, pour anticiper si il y a des découpes à prévoir.

Aller, à vous de jouer ! Et dites moi par mail si il y a des choses à ajouter qui seraient pertinente, je complèterai 🙂