Mon ami Nicolas Méreau, Pilgrymage, m’a contacté au printemps 2022 pour ce projet de fourneau transportable. Je vous présente le projet fin 2023 car il sera présenté pour la première fois au salon Fous d’Histoire à Compiègne le weekend du 18-19 Novembre 2023.
L’installation complète sur place ! Crédit photo : Nicolas Mereau.
Le but est de réaliser quelque chose de similaire à la gravure ci dessous.
Puisque « transportable » était un des paramètres, afin de pouvoir présenter le travail de… attendez… Haaaa ! Mais j’ai pas dis c’est pourquoi le comment du chose !!
Les enseignes de pèlerinage.
Alors, oui, Monsieur Méreau, archéologue + graveur, travaille depuis des années sur la reproduction d’enseignes de pèlerinage de la fin du Moyen Âge. C’était des petites broches que l’on fixait au vêtement ou au chapeau. Elles étaient coulées en alliage étain/plomb dans des moules en pierre gravée au motif à réaliser. C’est ça qu’il fait : préparation des pierres, gravure du motif, coulée du métal en fusion.
Moule en pierre, gravé, en bas le creusement triangulaire permet, une fois les deux faces assemblées, de créer un cône de coulée, comme un entonnoir, par lequel on verse le métal en fusion. Crédit photo : Nicolas Méreau.
Résultat une fois le métal refroidit et l’objet sorti du moule. L’opération se réalise rapidement quand les conditions sont optimales, ce qui permet d’éditer en série ce type d’objet. Crédit photo : Nicolas Méreau
Le temps a passé et Nicolas suit les pas des fondeurs d’enseignes, dont l’un d’entre eux est connu de tout le monde, si si, vous connaissez très probablement un fondeur d’enseignes de Pèlerinage du 15e siècle ! Il s’agit de Johannes Gutenberg ! Aussi connu pour un petit travail à la fin de sa vie, l’imprimerie.
L’imprimerie.
Pour faire des bouquins, voilà, bon, il fallait jusque là se taper tout à la main. Ca devait bien se faire vu que les gars prenaient même le temps de faire des petits dessins dans les marges. Mais bon, voilà, notre cher fondeur d’enseignes, rompu au travail de « couler des trucs en plomb dans des cailloux » eut cette idée de fabriquer des caractères mobiles d’imprimerie (des petits bâtons de plomb avec une lettre en relief à l’une des extrémités), qui mis les uns à la suite des autres, forment des mots, des phrases, une page, deux pages, et hop ! On enduit d’encre, on pose le papier, le bazar, on presse tout ça et voilà pas besoin de tout réécrire, on enchaine les pages !
la beste en entier, crédit photo : association de l’hermine radieuse, Saint Renan
vue à gauche d’un bois gravé pour l’image + caractères mobiles dessous pour le texte et à droite le papier imprimé crédit photo : association de l’hermine radieuse, Saint Renan
C’est plus simple comme ça non ? Et avec les lettres, caractères spéciaux, tailles et multiples (oui parfois il y a plusieurs lettre similaires dans une page, c’est fou hein ?), il n’y a que 90 000 caractères mobiles à faire ! Ha ha ! La blague ! En plus, il faut que TOUS les petits bâtons de plomb aient strictement la même hauteur hein ? Sinon ça n’imprimerait pas de façon identique (ou tout court).
D’où : le fourneau pour travailler tranquille, assis, on n’est pas des bêtes, la vie est déjà assez compliquée comme ça ^^
Bref, voilà en groooos, c’est un fondeur d’enseignes de pèlerinage qui réalisa le projet d’imprimerie, grâce à son savoir de graveur/fondeur. Il permit à un nouveau métier d’émerger, avec mille nouvelles problématiques, mais permettant à terme la diffusion des connaissances de façon moins coûteuse, et une fois l’industrialisation + l’instruction obligatoire = à tous (ceux qui le veulent bien)
L’animation pédagogique
Aujourd’hui, Nicolas Méreau, afin de travailler correctement lors de ses déplacements dans le cadre d’animations, m’a donc demandé de fabriquer un fourneau, transportable, où il puisse disposer une bassine en fer (réalisée par le forgeron Yves Schmitz) pour y fondre une bonne quantité de plomb. (oui, non, on n’a pas tous les même hobbies hein ? ^^).
Le modèle est une gravure postérieure à Gutenberg, vue au début de cette page, mais elle reste une structure tout à fait probable pour le 15e siècle.
Pour ma partie j’ai donc fait de nouveau mon mélange moitié terre moitié brisures de bois (en volume) pour faire des briques :
Il a fallu gérer les assemblages avec la porte, des rainures pour poser le niveau de foyer et le sommet…
Une petite série quoi 🙂
Ensuite cuisson
Et montage !
Pour assurer une bonne cohésion de l’ensemble, j’ai forgé des agrafes pour chaque niveau, entre chaque briques, comme on le distingue sur celles du haut.
Et voilà, n’hésitez pas à aller consulter son site, ses réseaux sociaux, pour voir ce qu’il fait !
Au détour d’un sentier, au bout d’une ruelle, derrière chez vous, vous apercevrez peut être un jour, quelqu’un en train de couler du plomb dans des cailloux… Et maintenant, vous saurez pourquoi il fait ça ^^
