Suite à la fête des lises de Saint Jean la Poterie (56) 2023, ma chère amie Perrine de l’atelier Kazapy a réalisé le document ci joint afin de témoigner et partager son expérience de fabrication et cuisson de son premier four à bois :
Suite à nos échanges, il me semble être une bonne idée de compléter et ouvrir le sujet des fours à sole ! Vous ne l’attendiez pas ? Et bien le voilà quand même ^^
Le four à sole suspendue, les bases
Le four à sole suspendue est une des structures les plus ancienne pour la cuisson de poterie. Il reste un modèle de four très abordable pour résoudre facilement chez soi la problématique de cramer de l’argile 🙂
Voici d’ailleurs pour l’occasion la photo de mon premier four, réalisé en 2004 avec Emilie Heddebaux et les copains de la fac d’archéo au retour des journées de la céramique de Belesta.
Oui il est tout petit, on a commencé modeste ! 🙂
Mais bon, de quoi parle t’on ? C’est quoi la sole ? Pourquoi on la suspend ?
Oui oui, alors, la base, cuire des poteries c’est mettre en relation des pots en terre avec du bois en feu. Le plus simple c’est de mélanger tout ça joyeusement, bois et pots, d’y mettre le feu et hop c’est chaud, c’est cuit ! Mais c’est un peu tendu que ça se passe bien car c’est souvent assez rapide comme cuisson, et les pots ils aiment bien chauffer doucement, au moins au début 🙂
Un four, c’est une structure qui permet de rendre l’opération un peu plus rassurante, en séparant le bois des poteries, dans une structure qui est composé de deux espaces distincts : le foyer pour le bois, la chambre pour les pots. Et comme l’air chaud a tendance à plutôt monter, on met le foyer sous la chambre !
La sole, c’est ce qui permet de séparer les deux espaces, tout en laissant passer la chaleur hein, sinon ça va marcher beaucoup moins bien ^^ Et là, il y a plein de façon de le faire !! Voici une liste non exhaustive :
sole rayonnante en tuiles sur pilier central :
sole rayonnante en demi brique sur pilier central
sole rayonnante en boudins façon tarentule sur pilier central :
four à languette centrale : un muret dans l’axe de l’alandier, sur lequel repose le poteries, entre lui et la margelle sur les parois du four
comme ça :
La sole percée (sur pilier central par sécurité, on n’est pas des bêtes)
c’est fait à partir de ça :
Sole en… alors là c’est tordu, c’est deux arches, comblées au niveau et bouché avec des bouts de briques… regardez plutôt :
dessous c’est comme ça :
mais mis à niveau pour que les deux arches aient une surface horizontale, mm’voyez ?
Ce qui est bien avec lui, c’est qu’il n’y a pas de pilier central dans lequel le bois peut taper. C’est plutôt sympa !
Voilà, bon, vous sentez l’ambiance ? On se débrouille pour que les poteries soient au dessus du foyer dans lequel brule le bois. Car, oui…
L’enfournement
On place les poteries en tas ! Comme ceci :
c’est hyper pratique parce qu’on met beaucoup de pièces dans un espace réduit ! Ce qu’il faut avoir en tête à l’enfournement c’est :
- les pots en bas doivent pouvoir supporter le poids des pots posés dessus.
- La tête en bas, pour que la flamme rentre dans les pots, compliquant ainsi sa sortie du four.
Cependant, si on en reste là, bah c’est tout à fait certain que les poteries que l’on voit dépasser, ne soient pas assez cuit ! En effet, si elles sont en contact avec l’air ambiant, celui ci ne leur permettra pas de monter suffisamment en température ! Ce qui est un peu l’inverse de ce que l’on cherche hein ?
Il faut donc recouvrir les dernières poteries avec quelque chose qui n’empêche pas le tirage de se faire, la flamme de sortir, mais qui éloigne les poteries de l’air extérieur trop froid.
Le plus classique c’est des tessons de pots cassés, sur plusieurs épaisseurs :
et si vous n’avez pas encore assez de pots cassés, de pots de fleurs pétés, ou autre morceaux de tuiles, vous pouvez les faire vous même, comme là, avec des jattes tournées, pliées, coupées en 2 :
La fabrication du four
Concernant le chantier proprement dit, allez lire le document de Perrine, c’est bien expliqué pour la version en briques (toutes les briques feront l’affaire, ne vous ruinez pas en briques de compétition pour la basse température ! Même, empilés des trucs en terre cuite, carreaux, tuiles, tessons, ou même creusez juste dans le sol, ça ira bien !)
Pour la partie foyer/chambre, vous n’avez même pas besoin de maçonner les matériaux à la terre, juste les enduire d’un mélange terre+foin ça ira bien, la fuite de chaleur se faisant surtout à la sortie du four. Si vous creusez le four dans le sol, comme dans le passé, bah c’est tranquille.
Juste petit détail pour l’alandier, là, il faut se pencher 2 minutes sur la fabrication d’une voûte en plein cintre, sur gabarit, mais encore une fois, Perrine explique ça super !
Petite vue de l’idée :
On maçonne, à la terre, les briques de la voûte de l’alandier, en se reposant sur un gabarit en forme de demi cercle pour que le poids soit envoyer au sol.
Conclusion
J’espère que toutes ces infos vous permettent de voir un peu mieux à quoi ressemble un four à sole, qui, même en version miniature, peut résoudre vos envie/besoin de cuire l’argile !
Tout peut commencer avec un mini four et se terminer avec une machine de guerre, mais au final, ce qui compte, c’est de se lancer ! Et n’hésitez pas à me poser des questions par mail, je vous répondrai et j’améliorerai cette page en fonction.
Ci dessous, une vue de mon premier four, à Parthenay de Bretagne, 2004, avec Emilie Heddebaux et les amis de la fac, au plus chaud de la cuisson sans doute.
Au retour de notre deuxième stage aux journées de la céramique de Belesta, l’idée de réaliser ce petit four est née. Après un an à se demander comment cuire des poteries chez soi, cette 2ème édition a permis de mieux regarder les fours et de comprendre que la structure n’était pas si compliqué ! De là, le point de départ d’une longue série de cuissons !